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LE BILAN PSYCHOLOGIQUE DÉCRYPTÉ

Dernière mise à jour : 30 juin 2020

Bilan ? Tests ? Evaluation ? QI ? Bilan neuropsy ? Il est difficile de se repérer parmi les différentes appellations que revêt la démarche de bilan psychologique. Outil du psychologue clinicien, le bilan psychologique s’inscrit dans une démarche perspective permettant à tout âge de mieux se comprendre et d’avancer.


Le bilan psychologique, de quoi s’agit-il ?


Le bilan psychologique permet d’appréhender le fonctionnement humain à travers des outils d’évaluation standardisés, validés par des organismes de référence en psychologie appliquée. La plupart de ces tests ne peuvent être utilisés que par les psychologues, notamment les plus connus d’entre eux : les fameux "tests de QI" ou échelles d’évaluation de l’intelligence de Wechsler (WPPSI-IV pour les touts petits, WISC-V pour les enfants et adolescents, WAIS-IV pour les adultes).


Les échelles de Wechsler visent à comprendre le fonctionnement cognitif de l’individu qui réalise le bilan psychologique en situant ses performances par rapport à une norme de référence. Autrement dit, le psychologue compare statistiquement ce que le patient est capable de produire en situation d’évaluation à ce que la majorité des personnes de la même population du même âge produit en général.

Si la taille moyenne d’un homme français est de 175 cm, et que mon voisin du 2e étage mesure 177 cm, nous pourrons considérer que sa taille se situe dans la norme de sa génération. En revanche, mon voisin du rez-de-chaussée de 186 cm sera considéré comme grand en regard de la moyenne française. Toutefois, en Hollande, où la taille moyenne est de 184 cm, il risque de passer plus inaperçu ! Notre environnement est généralement conçu pour s’adapter à la majorité. De fait, si je suis dans la norme, je devrais facilement trouver des vêtements à ma taille, alors que si je suis très grand ou très petit, je devrais sans doute mobiliser plus d’efforts pour trouver ce dont j’ai besoin. Il en est de même avec le fonctionnement cognitif ; en général, si je corresponds à la norme, je peux fonctionner dans un environnement adapté à mon mode de raisonnement alors que si je m'écarte de la norme significativement, cela me demandera plus d'énergie pour m'ajuster.



Les tests d’évaluation de l’intelligence permettent de situer l’individu sur plusieurs niveaux qui vont donner des indications sur son fonctionnement global et spécifique. Les échelles utilisées reposent sur la théorie de Cattell, Horn et Carroll, ou modèle hiérarchique de l’intelligence. L’intelligence générale, ou facteur g, serait constitué de sous-facteurs (comme le raisonnement fluide ou l’intelligence cristallisée), eux-mêmes constitués de sous-facteurs (le sous-facteur mémoire à court terme est par exemple constitué en partie de la mémoire à court terme visuelle et de la mémoire à court terme auditive). Les résultats quantitatifs des échelles de Wechsler sont également présentées sous la forme d’un modèle hiérarchique en trois strates : un indice général, le Quotient Intellectuel Total, des indices par domaines et des scores de subtests.


Bien évidemment, pour que l’analyse de ces tests soit pertinente, il ne s’agit pas de se limiter aux scores obtenus. L’intérêt du bilan psychologique réside dans l’analyse qualitative des résultats quantitatifs mais aussi de tous les éléments cliniques relevés par le psychologue en situation d’évaluation et lors de l’anamnèse[1].


C’est souvent cette dimension qui explique les écarts d'honoraires entre les différents psychologues ; car il ne faut pas négliger que cette démarche a un coût, ce qui peut la rendre difficile d'accès. D'une part, il est essentiel de situer la démarche dans un contexte et une demande. Délaisser ce temps clinique ne permet pas une prise en compte global du fonctionnement de la personne. D'autre part, une restitution des résultats du bilan ne comportant que des scores et une analyse sommaire ne demande que peu d’investissement. Une analyse qualitative et complète sollicite un travail de plusieurs heures pour aboutir à une synthèse écrite et orale satisfaisante et efficace pour le patient.


Pour qu’il soit intégratif et fournir une visibilité complète, le bilan psychologique doit également comporter des épreuves dites de personnalité. Ces dernières ont pour objectif de comprendre la dynamique psychoaffective de l’individu. Les épreuves projectives sont de puissants outils cliniques lorsqu’elles sont maîtrisées par le psychologue qui les utilise. C’est le cas du test de Rorschach ou du test Z de Zulliger, les tests des « tâches d’encre ». S’ils peuvent paraître mystérieux pour le tout-venant, ces tests ont fait l'objet d'études statistiques et fournissent des éléments d'analyse d’une grande pertinence sur la dynamique émotionnelle, relationnelle et structurelle de la personnalité. Les auto-questionnaires ciblent également certaines problématiques et sont des médiateurs incontestables pour que le patient puisse mettre en forme ce qui l’habite.

Trop souvent négligée, la part psychoaffective offre une lecture du fonctionnement de l’individu à la lumière de l’ensemble des mécanismes qui le constitue. De plus, l’état émotionnel a un réel impact sur notre manière de mobiliser nos ressources cognitives, de même que des ressources cognitives fragiles dans certains domaines nous empêchent de bénéficier de compétences émotionnelles efficaces. Se passer d'une évaluation de cette sphère priverait le patient d'une compréhension complète de son fonctionnement psychologique.


Quid du bilan neuropsychologique ?

Le bilan neuropsychologique évalue les dimensions cognitives spécifiques du fonctionnement humain. On s’attardera donc davantage sur certaines compétences comme l’attention, l’inhibition ou la mémoire, plus particulièrement, celles qui ont été repérées comme déficitaires ou fragiles de prime abord. Il s’agit donc d’un approfondissement du bilan psychologique qui se doit de rester la porte d’entrée de toute démarche d’investigation psychique. Lorsqu’un problème de santé se déclare, nous nous rendons d’abord chez le généraliste qui, grâce à sa perception holistique de la médecine, nous oriente vers le spécialiste adéquat. La pratique du bilan neuropsychologique seule reste cependant pertinente pour évaluer les processus de vieillissement, notamment dans les maladies touchant le fonctionnement cognitif.


Le bilan psychologique, quelle utilité ?


Les demandes diffèrent en fonction de l'âge. Ce n'est pas la même chose de s'engager dans cette démarche lorsqu'on est enfant ou adolescent, et que la demande émane de nos parents ou de nos professeurs, que lorsqu'on est adulte et que l'on cherche à mieux se comprendre.


Pour les enfants et les adolescents, la réalisation d’un bilan psychologique fait suite la plupart du temps à des interrogations concernant la présence de difficultés d’apprentissage éventuelles. Toutefois, les raisons de consulter pour son enfant ou son adolescent peuvent être multiples : mauvaise estime de soi, stress, peurs, difficultés d'endormissement, manque de régulation émotionnelle, de concentration, démotivation, manque d'organisation, etc. Qu'il s'agisse d'un questionnement, d'inquiétudes ou d'une situation de souffrance, le bilan psychologique offre un éclairage sur le fonctionnement de l’enfant/l’adolescent dans le contexte qu’il traverse. Le bilan psychologique permet de mettre en lumière d'éventuels troubles des apprentissages (dyslexie, dyspraxie, TDA/H etc.), des modes de fonctionnement particulier (comme le Haut Potentiel Intellectuel ou le trouble du développement de l'intelligence) ou encore des dimensions psychologiques présentes chez l'individu (déficit métacognitif, anxiété, affects dépressifs, etc.). Le bilan psychologique permet alors d’envisager des pistes concrètes d’amélioration pour favoriser l'adaptation et le bien-être de l'enfant ou de l'adolescent, comme des aménagements scolaires, une méthode éducative alternative ou un accompagnement spécifique.


Pour les adultes, les questionnements existentiels et identitaires laissés sans réponse peuvent conduire à une quête de compréhension de soi. En décodant les mécanismes de fonctionnement propre à chacun, le bilan offre un éclairage permettant de mieux se connaître et de poursuivre sa route sur un chemin de vie qui correspond à ses aspirations propres. Attention toutefois ! Le bilan psychologique chez l'adulte peut avoir mauvaise réputation. Malgré un investissement affirmé dans ce type de démarche,  certains peuvent être déçus et en faire part de façon plus ou moins virulente. Cela arrive en général quand le bilan n'est pas intégratif et que seuls les scores sont transmis. Que faire des résultats bruts d'une analyse de sang sans l'interprétation du spécialiste ? La déception peut également être liée aux attentes que l'on a placées dans cette démarche, lorsqu'un diagnostic précis, binaire, en oui ou non, est attendu par le patient qui se crispe  alors autour de l'obtention d'une réponse voire de LA réponse. Le bilan psychologique n'est pas un test de grossesse dont le résultat serait positif ou négatif. La question des pathologies psychologiques mises à part, le bilan psychologique met en lumière l'articulation entre les dimensions cognitives, affectives, relationnelles et structurelles de l'individu afin de lui offrir un éclairage pour avancer vers un mieux-être. Si l'attente du patient est globale, ouverte, et le bilan intégratif, il devient un véritable levier thérapeutique ! 


Quel que soit l’âge, le bilan psychologique s’inscrit dans une perspective dynamique. A l’instar d’une photographie, il révèle les caractéristiques psychiques de la personne au moment où elle réalise le bilan. Bien sûr, il arrive que certains jours on ait une meilleure tête que d'autre. On reste cependant la même personne, on peut se reconnaître. Bien évidemment, on n'a pas la même tête à 7 ans qu'à 57... mais là encore, on peut se reconnaître ! Ainsi le bilan aide à repérer ce qui est stable chez l'individu, ce qui fait partie de sa personnalité, de son mode de fonctionnement, mais aussi ce qui a trait à sa dynamique actuelle. Le bilan psychologique s'inscrit dans le moment où l'individu le réalise. Les performances et les résultats sont le reflet de ce que la personne est capable de mobiliser au moment où elle passe le bilan. Il est aujourd'hui impossible de mesurer le potentiel absolu d'une personne, seulement ce qu'elle peut en mobiliser. Le bilan psychologique offre aussi la possibilité de comprendre le fonctionnement psychologique et non d'établir un état des lieux figés de la personne.


Et puis, l'intérêt majeur du bilan psychologique est d'identifier ce qui constitue les ressources de chacun. Au-delà des difficultés et des éventuelles fragilités, il s’agit avant tout de relever les forces disponibles, celles qui sont tout de suite accessibles. Car c'est en mobilisant notre énergie sur ce qui fait sens pour nous, en s'appuyant sur nos forces, que nous pouvons cultiver notre bien-être.



 
 

[1] L’anamnèse permet, généralement lors du premier rendez-vous avec le psychologue, de recueillir l’ensemble des informations concernant le parcours de vie du patient.


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